Dans l’émission « C dans l’air » du 1er juillet 2008, Jacques Marseille, économiste et professeur à Sciences Po, assène que « l’Europe est une Europe de vieillards », reprenant là une antienne presque aussi vieille que la démographie française.
Souvenons-nous par exemple de Jacques Dupâquier, ancien directeur de l’INED, affirmant l’an dernier lors d’un discours à l’Académie des sciences morales et politiques : « En 2050, l’aspect de la société française sera radicalement modifié et elle ressemblera beaucoup plus à un hospice qu’à un gymnase-club. »
Il faut donc bien rappeler quelques chiffres.
En 2007, dans l’Europe des 27 (source : Eurostat) :
83% de la population européenne est âgée de 0 à 64 ans.
Mais précisons : même nos Jacques (le premier a 63 ans, le second 86 ans) s’accorderont à considérer qu’une part importante des personnes de plus de 64 ans ne sont pas des « vieillards » ! A qui réserveraient-ils cet aimable qualificatif : aux personnes âgées de plus de 80 ans, par exemple ?
En 2007, 4,3% de la population européenne est âgée de plus de 80 ans. 4,3%.
Un pourcentage qui sera à son plus haut niveau vers les années 2050, où environ 9% des européens seront octogénaires (et où, soit dit en passant, seule une partie de ces 9% seront des personnes ayant besoin d’aide pour des actes de la vie quotidienne).
Quoi qu’il en soit, que les « vieillards » représentent 4% ou 9% d’une population, ils ne représentent une « majorité » ou ne transforment un pays en hospice que dans l’imagination gérontophobique de nos Jacques.
Seule la phobie de la vieillesse explique en effet que des démographes ou économistes en arrivent à nier ainsi la réalité des chiffres et à prendre leurs cauchemars pour des lanternes.