Après 45 ans, les femmes perdent en moyenne 7 862 euros par an, soit 157 245 euros sur vingt ans, révèle une étude de la Fondation des femmes publiée en juin 2025.
Cf. « Le coût de la séniorité des femmes », https://fondationdesfemmes.org/telechargements/le-cout-de-la-seniorite-des-femmes/
Extrait de l’article de l’Humanité (signé Eugénie Barbezat) :
» Travailleuses, aidantes, mères, grands-mères : les femmes de 45 à 65 ans cumulent tous les rôles. Loin d’être récompensées pour cela, ces « superwomen » en paient le prix fort. […] En cause, l’effet combiné de deux fléaux : le sexisme et l’âgisme, qui excluent progressivement les femmes de la vie économique.
Tandis que, dans l’ombre, 9 millions de Françaises prennent soin de leurs proches, tout en poursuivant leur vie active, le marché du travail se détourne progressivement d’elles et ignore consciencieusement les difficultés physiques propres à leur âge, comme la ménopause. Alors qu’elles sont déjà pénalisées par un parcours de vie ayant creusé les écarts de revenus et de patrimoine par rapport aux hommes, elles se trouvent contraintes de sacrifier leur carrière, leur future retraite et leur santé.
Un cocktail de discriminations passé 45 ans
Si les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes, l’espérance de vie sans incapacité a diminué de quatre mois pour les femmes et augmenté de dix mois pour les hommes depuis 2008, tandis que celle sans handicap s’est accrue de dix mois pour les femmes et d’un an et dix mois pour les hommes.
Passé la quarantaine, les femmes pâtissent de l’effet cocktail des différents obstacles qui jalonnent leurs existences : carrières discontinues, métiers dévalorisés, surcharge de soins aux proches, temps partiels contraints, plafond de verre, etc. Résultat : 60 % des personnes « ni en emploi, ni en retraite » sont des femmes trop jeunes pour toucher leur pension mais déjà exclues du marché du travail.
C’est notamment ce qui explique les 40 % d’écart entre les pensions de retraite des hommes et des femmes, à la défaveur de ces dernières. Et la tendance n’est pas à une réduction de ces inégalités, donc : sans action corrective ambitieuse de la part des pouvoirs publics, la précarité des femmes âgées va exploser dans les prochaines années. »

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La présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, précise :
«C’est lié à de nombreux facteurs : les femmes ont choisi des emplois moins rémunérés, notamment des métiers du soin, il y a moins de progression de carrière, elles vont être confrontées à des problématiques de santé, d’aidance, de divorce, qui vont se cumuler et aggraver les choses».
La Fondation évoque notamment une «santé dégradée et passée sous silence» – 87% des femmes en France souffrent d’au moins un symptôme lié à la ménopause -, le coût «invisible de la maternité» ou encore le soutien aux enfants. Au total, «les femmes dédient 23 millions d’heures hebdomadaires gratuitement à la garde d’enfants», peut-on lire dans le rapport. Conséquence de ce «décrochage économique», 75% des retraités français vivant aujourd’hui avec moins de 1.000 euros par mois sont des femmes.
Face à ce constat, la structure appelle à faire en sorte que «l’aidance compte pour la retraite», comme aujourd’hui la maternité, via une «majoration aidance» qui permettrait de valider des trimestres pour les personnes qui interrompent ou réduisent leur activité pour aider un proche. Elle préconise également de reconnaître la pénibilité du travail des femmes, de former les médecins du travail aux enjeux de la ménopause ou encore de créer de nouveaux congés aidants et grands-parents.