Quand la lutte contre l’âgisme est âgiste (et adultiste)

Comme en témoigne le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge (HCFEA)

Récemment, le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge (HCFEA) est parvenu en quelques semaines à promouvoir plusieurs outils de « lutte contre l’âgisme » (discriminations liées à l’âge) qui ont tous pour particularité de ne parler que des « personnes âgées » et, en parallèle, à présenter des travaux sur les « représentations de l’enfance, de l’adolescence, et des politiques publiques qui les concernent » qui ont pour particularité de ne jamais parler d’âgisme ou mobiliser son concept (1).

Autrement dit, il est clair que pour cette instance, seules les « personnes âgées » sont victimes d’âgisme. Ce qui constitue une manière de nier et d’invisibiliser l’âgisme que subissent les personnes jeunes.

Sans compter qu’il est dommageable et dangereux, pour une instance qui prétend oeuvrer à ce qu’il n’y ait pas de conflits entre générations, de donner ainsi le sentiment que la lutte contre l’âgisme est juste menée par les générations les plus âgées, dans une optique catégorielle, visant à seulement servir leurs propres intérêts (et ceux de la « silver économie », bien représentée dans l’instance en question).

Et faudrait-il croire que pour les adultes membres de cette instance, plus proches de leur vieillesse que de leur enfance, en France, on infantilise les vieux mais jamais les enfants ? Voire qu’ils pensent qu’infantiliser les enfants est normal puisque ce sont des enfants ?

En tout cas, on comprend mieux, face à la puissance officielle de cette captation, pourquoi il a donc été (malheureusement) nécessaire de créer, ces dernières années, le concept d’adultisme afin de pouvoir mettre en lumière et lutter contre les discriminations âgistes subies par les jeunes personnes. Dont celles, donc, que mène tranquillement le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Âge.


(1) Et pourtant, il serait plus que nécessaire, au vu des résultats de cette étude, de se questionner sur l’âgisme et l’adultisme qu’elle révèle !

Voilà en effet une étude qui, dans sa partie consacrée aux représentations, indique (en les qualifiant de « ces quelques aspérités »), que :

  • 41% des adultes interrogé·es considèrent que les adolescent·es « ne s’intéressent à rien »
  • 52 % des adultes interrogé·es considèrent que les enfants « ne sont jamais content·es »
  • 59% des adultes interrogé·es considèrent que les enfants sont « trop bruyants »
  • 79% des adultes interrogé·es considèrent que les enfants et adolescent·es ne sont « pas assez éduqués »

Ce contenu a été publié dans Actualité. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.